Clara Estey: Tout d’abord, sachez que je ris difficilement de bon cœur, et qu'il y a vraiment des scènes qui m’ont faite rire et de bon cœur, la répétition en arrière plan des « Dolores ! » pendant les rush en particulier.
1- Olivier Séguret dit dans Libération que l’on trouve « le burlesque des grands maîtres (Chaplin, Keaton, Tati) dans le sillage desquels le film s'inscrit d'emblée », tandis que Remy Vincent de Télérama déclare :« On est prévenu : c'est à ce carburant, pince-sans-rire, tendance humour anglais, que La Patinoire va avancer. Petites chutes, donc, plutôt que gros gadins ; à l'exception de deux accidents foudroyants, et absolument hilarants, qui transforment notre metteur en scène aux allures de Buster Keaton en von Stroheim à minerve, et son chef opérateur en inquiétant vampire batave. Quels sont les effets humoristiques qui vous ont le plus préoccupés ? A quel public vous adressiez-vous en particulier?
2- Ce film vise - t-il a faire une satire du cinéma ou un éloge aux difficultés de production ?
J-P Toussaint: Ce que j'ai essayé de faire, c'est une comédie. Je voulais faire rire le public, par tous les moyens possibles — humour visuel, comique de situation, jeux de mots, gags, glissades, chutes, slapsticks. Le film serait réussi s'il faisait rire. Mais c'est évidemment aussi un hommage au cinéma, un hommage impertinent, mais un hommage quand même. Dans ce film, qui raconte le tournage d'un film sur la glace, j'acceptais de me mesurer à un genre cinématographique presque aussi balisé que le western ou la comédie musicale, le film sur un film en train de se faire. Ce genre avait déjà donné de nombreux chefs-d'oeuvre dans le passé, de Huit et demi à La Nuit américaine, en passant par Passion et Le Mépris, mais c'est un autre film, moins connu, qui fut ma principale référence, La Ricotta de Pier Paolo Pasolini. Dans La Ricotta, qui raconte à la fois le tournage d'un film sur la passion du Christ et les aventures d'un figurant qui ne pense qu'à manger de ce fromage blanc italien qu'on appelle la ricotta, on trouve au plus haut point ce mélange de sacré et de profane qui m'a toujours fasciné.
Réponse de Jean-Philippe Toussaint à Cecilia Siruno:
Cécilia Siruno: Votre film "La Patinoire" est à propos du tournage du film "Dolores." Donc, ce film était tourné dans un environnement cinématographique. Est-ce que il y avait des événements pendant le tournage de ce film qui ont été utilisés dans le film ? Qu’est-ce qui vous a inspiré à réaliser un film sur les problèmes de réaliser un film ?
Non, je ne me suis pas inspiré du tournage de La Patinoire pour La Patinoire (mais de mes précédents films peut-être, de l'ambiance sur le plateau, de ce qu'on éprouve le matin en arrivant sur un tournage). Et ceci pour la simple raison que, au cinéma, tout est extrêmement long à mettre en place, nécessite de longues préparations. La simple idée que la glace fonde parce que les électriciens ont oublié d'éteindre les projecteurs pendant le déjeuner a demandé à mon équipe de multiples réunions de préparation, et un plan de travail spécifique, nous obligeant à tourner la scène un lundi (de façon que la température de la glace puisse être baissée dès le dimanche après-midi et que les pompiers puissent arroser pendant des heures la surface de la patinoire le lundi matin). En fait, vous voyez, il n'y a pas la place pour l'improvisation.
Mais ce qui était vraiment saisissant pendant le tournage, c'est qu'il y avait souvent deux équipes de tournage face à face, la vraie, mon équipe, et la fausse, composée des acteurs, qui avaient eux aussi une caméra et du vrai matériel (sans compter l'équipe réduite qui s'occupait des webcams qui filmaient tout cela pour le diffuser en direct sur Internet !)
Réponse de Jean-Philippe Toussaint à Clara Estey:
RépondreSupprimerClara Estey: Tout d’abord, sachez que je ris difficilement de bon cœur, et qu'il y a vraiment des scènes qui m’ont faite rire et de bon cœur, la répétition en arrière plan des « Dolores ! » pendant les rush en particulier.
1- Olivier Séguret dit dans Libération que l’on trouve « le burlesque des grands maîtres (Chaplin, Keaton, Tati) dans le sillage desquels le film s'inscrit d'emblée », tandis que Remy Vincent de Télérama déclare :« On est prévenu : c'est à ce carburant, pince-sans-rire, tendance humour anglais, que La Patinoire va avancer. Petites chutes, donc, plutôt que gros gadins ; à l'exception de deux accidents foudroyants, et absolument hilarants, qui transforment notre metteur en scène aux allures de Buster Keaton en von Stroheim à minerve, et son chef opérateur en inquiétant vampire batave. Quels sont les effets humoristiques qui vous ont le plus préoccupés ? A quel public vous adressiez-vous en particulier?
2- Ce film vise - t-il a faire une satire du cinéma ou un éloge aux difficultés de production ?
J-P Toussaint: Ce que j'ai essayé de faire, c'est une comédie. Je voulais faire rire le public, par tous les moyens possibles — humour visuel, comique de situation, jeux de mots, gags, glissades, chutes, slapsticks. Le film serait réussi s'il faisait rire. Mais c'est évidemment aussi un hommage au cinéma, un hommage impertinent, mais un hommage quand même. Dans ce film, qui raconte le tournage d'un film sur la glace, j'acceptais de me mesurer à un genre cinématographique presque aussi balisé que le western ou la comédie musicale, le film sur un film en train de se faire. Ce genre avait déjà donné de nombreux chefs-d'oeuvre dans le passé, de Huit et demi à La Nuit américaine, en passant par Passion et Le Mépris, mais c'est un autre film, moins connu, qui fut ma principale référence, La Ricotta de Pier Paolo Pasolini. Dans La Ricotta, qui raconte à la fois le tournage d'un film sur la passion du Christ et les aventures d'un figurant qui ne pense qu'à manger de ce fromage blanc italien qu'on appelle la ricotta, on trouve au plus haut point ce mélange de sacré et de profane qui m'a toujours fasciné.
Jean-Philippe Toussaint
Réponse de Jean-Philippe Toussaint à Cecilia Siruno:
RépondreSupprimerCécilia Siruno: Votre film "La Patinoire" est à propos du tournage du film "Dolores." Donc, ce film était tourné dans un environnement cinématographique. Est-ce que il y avait des événements pendant le tournage de ce film qui ont été utilisés dans le film ? Qu’est-ce qui vous a inspiré à réaliser un film sur les problèmes de réaliser un film ?
Non, je ne me suis pas inspiré du tournage de La Patinoire pour La Patinoire (mais de mes précédents films peut-être, de l'ambiance sur le plateau, de ce qu'on éprouve le matin en arrivant sur un tournage). Et ceci pour la simple raison que, au cinéma, tout est extrêmement long à mettre en place, nécessite de longues préparations. La simple idée que la glace fonde parce que les électriciens ont oublié d'éteindre les projecteurs pendant le déjeuner a demandé à mon équipe de multiples réunions de préparation, et un plan de travail spécifique, nous obligeant à tourner la scène un lundi (de façon que la température de la glace puisse être baissée dès le dimanche après-midi et que les pompiers puissent arroser pendant des heures la surface de la patinoire le lundi matin). En fait, vous voyez, il n'y a pas la place pour l'improvisation.
Mais ce qui était vraiment saisissant pendant le tournage, c'est qu'il y avait souvent deux équipes de tournage face à face, la vraie, mon équipe, et la fausse, composée des acteurs, qui avaient eux aussi une caméra et du vrai matériel (sans compter l'équipe réduite qui s'occupait des webcams qui filmaient tout cela pour le diffuser en direct sur Internet !)
Jean-Philippe Toussaint